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Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
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CHAPITRE IV :
LE SOI SUPÉRIEUR (1/2)

      Une erreur fondamentale de la pensée moderne, relativement à la constitution de l'âme humaine, a été de considérer cette âme comme une entité simple, complète en soi, contenue en soi sur le plan de la Nature auquel elle appartient, de même que l'homme incarné est, ou plutôt paraît être, contenu dans son moi et limité à lui par rapport aux autres êtres semblables qui l'environnent. Nos contemporains – ceux du moins qui sont d'accord avec l'enseignement religieux conventionnel au point d'admettre qu'il existe quelque chose comme une âme ? – imaginent cette âme à peu près comme le Djin du vieux conte de fées, ce Djin enfermé pour un temps dans la bouteille que trouva le pêcheur des Mille et Une Nuits ; la mort est le processus qui lui permet de sortir de la bouteille pour continuer, dès lors, à vivre conformément à sa nature, – entité complète en soi, désormais affranchie, qui se trouvait précédemment emprisonnée. Lorsque sonne l'heure de la mort, on ouvre la bouteille, et l'âme délivrée peut alors vivre selon sa nature ; c'est une entité complète qui s'est libérée. Or, plus nous étudions la Nature, plus nous la trouvons complexe, même sur le plan physique ; nous constatons également que les lois qui gouvernent ce plan régissent aussi les plans supérieurs d'activité. Si, de plus, nous voulons approfondir les opérations hyperphysiques, nous les voyons s'étendre ad infinitum ; la première idée qu'on puisse s'en former n'est pas plus adéquate à la vérité que celle que nous nous formerions d'un solide en regardant un seul de ses côtés ; l'esprit ne pourrait saisir tous les attributs de ce solide qu'après avoir ajouté de nouvelles conceptions à son impression première. A ce dernier point de vue, ces impressions, dont il vaut mieux tenir compte, sembleraient avoir donné une idée imparfaite de la vérité ; mais elles ouvrent la voie à des conceptions plus complexes, qui, pour cette raison, devront être développées au fur et à mesure que s'étendront nos connaissances.

      Ainsi la théorie du développement de l'âme au moyen de la Réincarnation et sous la direction de la Loi karmique, sous cette forme élémentaire que présente à l'esprit l'analyse succincte de l'enseignement ésotérique, nous donne, dès le point de départ, une avance écrasante sur la théorie enfantine de la création de l'âme. Et cependant cette conception qui accepte l'âme comme un fait accompli, sans en rechercher ni en expliquer l'origine, qui la suppose créée à nouveau pour chaque enfant, cette conception, dis-je, est encore un progrès sensible sur l'inconscience complète de tout ce qui est au delà de la sensation physique, et que nous jugeons, avec raison, être l'apanage de règne animal ; le sauvage même cherche à s'élever au delà, quand il assimile son Paradis à une plaine giboyeuse D'autre part, le matérialisme moderne s'efforce ingénieusement de poétiser sa triste doctrine. Il ignore, il est vrai, qu'en agissant ainsi il démontre, dans sa propre personne, l'un des principes éclairés par la science ésotérique : que le point culminant de l'intelligence physique se trouve au nadir de la conscience spirituelle. Il appréciera éventuellement cet autre principe : le cycle en progressant, entraînera l'évolution au delà de ce point, et l'intelligence physique s'illuminera par l'inllux de la perception spirituelle, sans abandonner pour cela aucune de ses acquisitions individuelles. Mais reprenons notre comparaison. Nous avons vu comment l'ignorance de ce qu'est l'âme a été remplacée par la théorie plus éclairée qui la considère comme une entité quoique créée ex nihilo ; et combien cette dernière conception s'élève dans l'échelle philosophique en s'harmonisant avec les principes de la Réincarnation et du Karma. C'est par le même procédé que la conception première de l'évolution spirituelle se développe, lorsqu'on examine plus profondément la constitution si complexe de l'âme et les méthodes par lesquelles l'existence terrestre avec son cortège d'épreuves, d'expériences et de chances diverses, est amenée à réagir sur la conscience immortelle et permanente, et contribue ainsi à sa croissance.

      L'étude de ces problèmes nous entraînerait insensiblement vers les confins au delà desquels l'investigation spirituelle ne peut se traduire en un langage précis ; on doit alors se rappeler que dans des sujets de ce genre il y a des bornes infranchissables ; par exemple, les divers modes de conscience, les attributs de l'Esprit Universel sont intraduisibles en langage humain, parce qu'ils dépassent les pouvoirs d'entendement du cerveau physique. Les métaphysiciens, par leur bizarre phraséologie, voudraient nous faire croire que leur subtilité a su dépasser les ressources ordinaires du langage, mais ils sont le plus souvent aussi incapables de saisir eux mêmes, que de nous faire comprendre les idées qu'ils ont la prétention d'analyser. L'obscurité du langage n'est pas la profondeur de la pensée.

      La science occulte peut s'exprimer aussi dignement en un stylo clair et précis que par d'obscures formules allégoriques ; on fit pourtant jadis un usage quelque peu excusable de ces symboles obscurs, autant parce que les écrivains étaient obligés au secret partiel, que parce que le fanatisme de cette époque leur interdisait de s'exprimer plus librement. Mais aujourd'hui l'investigation spirituelle s'accompagne de circonstances favorables inconnues aux alchimistes comme aux mystiques du moyen-âge, et ce que nous cherchons avant tout, c'est à faire comprendre le mieux possible ces mystères, voilés jusqu'ici d'une impénétrable obscurité. En poussant plus avant nos découvertes, nous arriverons forcément à un degré où la pensée et l'imagination échapperont à toute description ; il est néanmoins de la plus haute importance de pousser la précision aussi loin que possible. Avec beaucoup de travail et de patience nous pourrons les décrire de façon à faire comprendre à nos lecteurs quelques-uns des procédés servant au développement de l'âme, si invisibles et intangibles qu'ils soient ; tout comme on est parvenu à comprendre plusieurs des lois compliquées qui gouvernent les réactions chimiques des molécules, non moins invisibles et intangibles, de la matière.

      La loi qui règle l'alternance des vies physiques et spirituelles de l'entité humaine est celle qu'il nous faut tout d'abord soumettre à un examen microscopique plus rigoureux qu'on ne l'a fait encore. Lorsque l'âme est lancée dans le torrent de l'évolution comme être individualisé, elle doit traverser, comme nous vonons de le voir, des phases alternatives d'existence physique et d'existence relativement spirituelle. Elle passe d'un plan (c'est-à-dire d'une couche, d'une condition) de la Nature sur l'autre sous l'impulsion de ses affinités karmiques ; l'existence qui lui échoit en partage a été préparée à l'avance par son Karma, quelque peu modifié par les circonstances ; et elle se forme un nouveau Karma suivant le bon ou le mauvais usage qu'elle fait des occasions de progrès qui lui sont offertes. A la conclusion de chaque existence terrestre (après avoir réalisé les expériences que lui offre le plan astral intermédiaire), l'âme est rendue à la vie spirituelle pour y jouir d'un repos paisible, mais aussi pour y absorber en son essence même (comme progrès cosmique) le résultat des expériences recueillies sur terre.

      Il n'est guère possible, dans un aperçu aussi superficiel, de former une conception vraiment adéquate de ce processus de la Nature, tout au plus pourrons-nous la suggérer à quelques esprits profonds.

      Quelques êtres doués de facultés inusitées – sens psychiques ouvrant à leur état conscient d'autres horizons que ceux de notre plan physique – peuvent, assurément et dans une certaine mesure, entrer en relation avec les plans de conscience hyper-physique. Nos propres expériences, pendant le sommeil, démontrent que tous nous pouvons prendre contact avec un état de conscience indépendant de nos cinq sens physiques ; et les phénomènes du somnambulisme (celui de l'âme et non du corps), de la clairvoyance, soit naturelle, soit provoquée par le magnétisme, n'arrivent-ils pas aux mêmes conclusions, en les accentuant. Nous, c'est-à-dire les âmes qui sont en nous, ne sommes pas, comme il le paraît, tout à fait emprisonnés dans notre vêtement de chair. Nous conservons certes, si je puis m'exprimer ainsi, quelque droit et quelque influence dans cet océan de matière spirituelle d'où nous avons été projeté sur les rives de l'incarnation. Nous ne pouvons raisonnablement comparer ce processus à une alternance d'existences sur les plans physique et spirituel et dépeindre l'âme comme une entité complète glissant tout entière d'un état d'existence à l'autre. Une définition plus correcte tend à considérer l'incarnation comme s'effectuant par une émanation de l'âme qui se manifeste sur le plan physique de la Nature. Pendant ce temps, l'âme elle-même ne quitte pas tout entière la région spirituelle qui est son habitat normal, et c'est cette partie immatérielle de l'âme, résidant à l'état permanent sur le plan spirituel, qui a reçu le nom approprié de Soi Supérieur.

      Dans certains écrits théosophiques, ce terme se rapporte à une idée métaphysique très élevée dont nous reparlerons plus tard, et nous verrons qu'il représente alors l'unité spirituelle qui anime tous les centres de conscienco humaine. Il n'existe en principe aucune différence entre cette conception élevée et celle que nous venons d'exposer ; mais le terme de « Soi Supérieur » me paraît plus approprié à désigner la conscience spirituelle individualisée dans l'âme ; et pour la clarté de mon ouvrage, je continuerai à l'employer dans ce sens.

      L'appréciation de la véritable nature du Soi Supérieur nous aidera à comprendre cette anomalie apparente, qu'une âme humaine déjà très développée soit obligée néanmoins de se réincarner dans le corps d'un petit enfant, véhicule bien impropre à l'expression de ses facultés. Si incompréhensible que paraisse ce fait, on ne peut l'éluder par l'hypothèse que le corps naîtrait d'abord, et que l'âme l'habiterait un peu plus tard ; on doit envisager l'âme et le corps de l'enfant comme unis dès le début. Mais la conception, que je suis en train d'exposer, s'harmonise seule avec la propriété des choses et les analogies de la Nature. L'âme qui attend sur le plan spirituel l'heure de sa réincarnation se lie, pour ainsi dire, à l'embryon humain dont la destin&eacte;e et les attributs physiques paraissent lui offrir le véhicule le plus approprié. Il ne s'agit pas ici d'un choix volontaire et conscient ; les affinités karmiques constituent une ligne de moindre résistance dont l'âme se sert instinctivement, pour émettre une émanation magnétique dans le monde objectif ; elle obéit ainsi au même principe que la racine qui, pour germer, se fraye un passage dans l'endroit où le terrain est le plus léger et y fait pousser le délicat rejeton qui apparaît au ras du sol. Un exemple plus abstrait mais plus juste encore serait celui du courant électrique qui, parmi les conduits les plus appropriés qui puissent l'amener à son but : la terre, choisit, non pas toujours le plus court, mais celui avec lequel il a le plus d'affinité. C'est par un courant magnétique analogue (qui se renforce au fur et à mesure de la croissance de l'enfant) que l'entité psychique pénètre, par degré, son nouveau véhicule.

      Cette même idée pourrait s'exprimer différemment. Jusqu'à ce qu'il ait atteint l'âge de sept ans, un jeune enfant (moralement irresponsable et incapable de générer du Karma) est, dit-on, privé du sixième principe. Ce qui revient à dire qu'avant l'âge de sept ans, il y a trop peu de l'âme incarnée dans la conscience, à peine formée, de l'enfant pour permettre le développement d'un sens moral. La conscience ne se manifeste pas encore et le Soi Supérieur ne peut modifier les impulsions de la chair. Si l'enfant vient à mourir, l'âme ira simplement s'implanter ailleurs. Cette considération est très importante dans tous les problèmes concernant la mort des enfants en bas âge et leurs conditions après la mort. Mais ce sujet demanderait une étude spéciale.

      Observons maintenant l'enfant s'acheminant vers l'adolescence entouré des conditions les plus favorables. Au fur et à mesure de son développement, la vraie conscience de l'âme pénètre peu à peu dans son nouvel organisme, et lorsque arrive l'âge d'homme, cette âme (c'est-à-dire tout ce que cette âme peut exprimer dans l'état de conscience physique) se trouve à nouveau rétablie, réincarnée sur le plan terrestre.

      Mais il y a dans l'âme un quelque chose, en réalité sa partie la plus importante, qui demeure sur le plan spirituel (je me vois obligé d'employer quelque temps encore ces expressions trop matérielles, afin de bien établir mon idée dans l'esprit du lecteur) ; ce quelque chose, c'est l'élément essentiellement spirituel de l'âme, son Soi Supérieur, qui, presque inerte et inconscient durant la vie active de l'homme incarné, éprouve comme un réveil de conscience durant le sommeil ; l'intensité de cette conscience varie certainement et largement selon les individus. Le Soi Supérieur n'est pas seulement la monade spirituelle impérissable et inconsciente, il représente encore dans chaque être humain l'individualité spirituelle. Ainsi que nous le verrons plus clairement dans la suite, la croissance de cette individualité spirituelle est le seul véritable but de la vie ; le Soi Supérieur peut être peu développé chez les uns, plus avancé chez les autres ; mais en tous cas, dès qu'il a atteint un certain développement, il devient conscient sur le plan spirituel dès que l'être, qui le représente ici-bas, est plongé dans un profond sommeil.

      Le cerveau des hommes de notre race, à l'état actuel de son développement, n'est pas assez délicatement organisé pour pouvoir, à l'état de veille, garder l'empreointe spirituelle de l'Ego intérieur ; tout au plus le sommeil procure-t-il parfois un bien-être moral. Les soucis, les tentations qui assaillaient l'âme avant la nuit semblent allégés le matin, et si cette impression est très vive, on peut assurément l'attribuer à l'influence de l'Ego Supérieur devenu, pendant le sommeil, plus conscient qu'à l'ordinaire. Les individus dont l'avancement spirituel ou psychique a dépassé la moyenne normale peuvent seuls rapporter le souvenir de la conscience du Soi Supérieur ; et il est indubitable que ce souvenir a été rapporté dans certains cas. Mais à un développement bien inférieur à celui-ci (qui élève déjà l'homme bien au delà de toute attraction physique), il est encore des êtres qui peuvent mener une vie en partie double, et se rappeler parfaitement pendant la veille la vie spirituelle à laquelle ils participaient pendant leur sommeil ou leur trance. Cette faculté nous ramène aux magnifiques découvertes de la médiumnité, car une personne qui possède celle-ci peut, lorsqu'elle se trouve en état de trance magnétique, s'entretenir dans sa véritable conscience spirituelle avec un ami encore incarné et complètement éveillé. Il existe aussi d'autres états intermédiaires. Un homme doué de quelques facultés psychiques, mais dont la conscience spirituelle n'est qu'imparfaitement développée, pourrait percevoir son Soi Supérieur, et rapporter au réveil l'impression qu'il a communiqué avec un être eacute;tranger à lui-même. Il ne comprend pas qu'il tenait alors l'extrémité opposée de cet arc qui, dans son intégrité, constitue sa propre individualité. On peut aussi supposer que le Soi Supérieur ait émis des idées n'ayant encore jamais germé dans le cerveau physique de cet homme : il y aurait alors, semble-t-il, un échange mutuel d'idées entre le Soi et son incarnation, comme s'il s'était agi de deux personnalités étrangères. Un autre homme encore peut avoir avec son Soi Supérieur des relations bien moins précises et considérer ses avis comme l'expression de ce que l'on appelle la voix de la conscience.

      La théorie que nous éludions ici est en harmonie parfaite avec celle qui tient le monde que nous habitons pour un phénomène de l'illusion ; la signification de ce point de vue de la philosophie orientale a été souvent ridiculement dénaturée. Cette doctrine ne prétend pas que le plan matériel, avec ses innombrables attributs, n'ait pas d'existence réelle, mais seulement que la conscience incarnée s'illusionne en y voyant un tout complet, permanent et se suffisant à lui-même. Le monde spirituel est plus réel que le nôtre, qui, avec ses conditions matérielles et transitoires, n'en est que l'émanation ; mais en disant que le monde matériel n'est qu'une illusion, il faut se garder de donner à ce mot son sens ordinaire. La conscience supérieure de l'homme en perçoit le phénomène (c'est-à-dire les manifestations de la Nature qui y sont exprimées) tout aussi bien que ceux des plans supérieurs, car le plan physique est aussi nécessaire que les autres à l'équilibre et à l'harmonie du magnifique plan de la Nature. La doctrine du Soi Supérieur nous explique les relations qui existent entre la vie physique et l'état de conscience spirituel ; si nous la comprenons bien, nous ne tomberons pas dans l'erreur grave de restreindre notre champ de conscience aux limites de l'état de conscience inférieur. Le plan élevé de la Nature, où l'Ego permanent prend racine, est d'une importance bien supérieure à celui où fleurissent ses boutons éphémères, qui bientôt se flétrissent et disparaissent, tandis qu'alors la plante rassemble ses énergies pour y faire pousser encore de nouvelles fleurs. Supposons ces fleurs seules visibles à nos sens et la plante prenant racine sur un autre plan invisible et intangible ; des philosophes d'un monde qui présagerait de telles choses en germe sur un autre plan d'existence, ne seraient-ils pas fondés à dire de ces fleurs : ce ne sont pas de vraies plantes, ce n'est qu'un phénomène illusoire ?

      La doctrine du Soi Supérieur se recommande aussi par sa correspondance avec celle de l'inspir et de l'expir de Brahma, symbole du phénomène naturel sur l'échelle du macrocosme, et par conséquent applicable à celui du microcosme ; la mort du corps humain correspondant ici à l'inspir.

      Le processus karmique de l'âme, comme il est décrit dans la première et simple conception de ses passages successifs du plan de l'esprit au plan de la matière, ne contrarie en rien l'existence permanente du Soi Supérieur sur le plan spirituel. Dans ce large exposé, aucune idée essentielle n'est infirmée par cette théorie plus avancée et mieux élaborée. Examinons, par exemple, un homme qui, ne voyant dans la nature que le plan physique, le seul dont il soit conscient à l'état de veille, espère avant tout conserver la conscience de sa personnalité après la mort. Cette espérance, non sanctionnée par la connaissance spirituelle, est la base première des religions exotériques. On se dit avec une certaine apparence de raison : « Si je ne me souviens pas de ma vie actuelle dans ma prochaine incarnation, c'est que le « moi » n'y a eu aucune part ; donc, il n'y a eu pour ce moi ni immortalité ni survie. » La doctrine ésotérique ne contredit ni ne rebute aucune objection si naturelle. Elle nous répond dans sa plus simple expression : « Vous vous lasserez à la longue de votre personnalité actuelle ; elle se dissipera, vous finirez par la quitter, comme vous en avez autrefois quitté tant d'autres ; mais cette séparation ne se fera pas soudainement. Lorsque après la mort vous passerez sur le plan astral, puis sur le plan mental, vous serez encore vous-mêmes, les phases principales de votre vie vous seront présentes à la mémoire, et si les circonstances vous sont favorables, vous trouverez dans ces régions élevées de la Nature un champ bien autrement vaste que notre plan physique, pour y développer les beaux et nobles sentiments générés pendant l'existence terrestre. Ce n'est qu'après l'épuisement complet des forces engendrées par la vie, lorsque ses divers états de conscience auront vibré jusqu'à la limite du possible, que l'âme, redevenue indifférente aux réminiscences précises, s'abreuvera aux sources du Léthé, en cherchant dans une autre incarnation une personnalité nouvelle. » Voyons à présent comment la théorie du Soi Supérieur modifierait cette donnée. Elle en conserve essentiellement l'idée principale, quoiqu'elle soit exposée sous une forme des plus matérielles.

      Il faut considérer que le Soi Supérieur domine l'inférieur ou la personnalité incarnée, à des degrés variables selon les individus ; les personnalités très enracinées dans la conscience physique représentent des âmes dont les éléments karmiques sont en phase ascendante. Pour celles-là, la réunion des deux « Soi » après la mort implique plutôt l'absorption du Soi Supérieur par le Soi Inférieur. Mais, en réalité, lorsque l'âme vient de traverser une période complète de vie terrestre, les éléments karmiques, lors de la réunion des deux « Soi », entrent nécessairement pour une si large part dans son nouvel état conscient qu'ils en déterminent provisoirement la caractéristique. Et cette transfusion de la dernière personnalité dans le Soi Supérieur, la façon dont celui-ci en est en quelque sorte saturé répondent complètement aux désirs que nous pouvons éprouver d'une survivance personnelle après la mort.

      Une conception qui nous montrerait le Soi Supérieur réalisant les expériences de ses vies successives nous amènerait logiquement à supposer que, pendant sa longue période d'existence, il a dû progresser sur son plan, tout comme l'intelligence humaine dans le champ restreint de la vie physique. Il semble évident, tout d'abord, que l'Ego a dû commencer par être fort imparfait ; prenons-le, par exemple, au moment de sa formation et au début d'une période cosmique. Cette entité naissante a dû se rattacher à quelque foyer de conscience en activité sur le plan spirituel, germe naissant de son Ego Supérieur. Mais l'Ego Supérieur du sauvage primitif et celui de l'homme déjà spiritualisé de nos races contemporaines représentent deux entités bien différentes ; et ceci encore nous démontre clairement que c'est au moyen des expériences recueillies dans les vies successives que le Soi Supérieur a pu croître et s'avancer vers le sentier de perfection. Sans doute la nature même du pur esprit est immuable, mais l'individualisation de cet esprit peut se produire sous l'influence de divers foyers d'activité et avec plus ou moins de succès. Et comme le processus est loin d'être rapide, on comprendra aisément que le développement des Egos Supérieurs sur leur plan d'existence et pendant un Manvantara planétaire, se poursuive parallèlement à l'évolution des races.




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